Foire aux questions



La question a été posé à Matthieu Guichard d'apiservice et voici sa réponse :

Délai d'attente vs. risque de résidus dans le miel:

  • En Suisse, tous les produits de traitement contre le varroa sont en catégorie D (remise en commerce vétérinaires sans ordonnance mais avec conseil) et ont un délai d'attente de zéro jour. C'est aussi le cas pour l'oxuvar: ''Délais d‘attente :  Aucun délai d‘attente n‘est requis pour le miel des colonies traités correctement''. Cela ne signifie malheureusement pas qu'il n'y a pas de risque de retrouver de résidus dans le miel suite au traitement, en reposant les hausses plus tard. Cela a par le passé pu être démontré en particulier pour les traitements à base d'acide formique  (voir cette étude du CRA), qui ont eux aussi un délai d'attente de zéro jour mais une mention plus détaillée sur l'étiquette du produit (''Appliquer après la dernière récolte de miel de l’année. Lors d’un traitement au printemps pendant la miellée (traitement d’urgence), le miel provenant d’une éventuelle deuxième miellée ne doit pas, dans ce cas, être commercialisé en raison de présence de résidus.''). 

  • Dans le cas des produits à base d'acide oxalique, en particulier l'Oxuvar par pulvérisation, il n'y a effectivement pas plus d'information fournie avec le produit. Dans le cas de Varroxal, traitement à base d'acide oxalique par sublimation, on trouve plus de précisions: ''Temps d'attente Miel: aucun Ne pas appliquer durant la miellée ou avec la présence de la hausse à miel. Après un traitement d’été, les hausses à miel ne peuvent être posées que l’année suivante en raison du risque de présence de résidus dans le miel destiné à la consommation humaine''. Cela fournit des éléments que l'on pourrait raisonnablement transposer à l'Oxuvar.

  • Le miel étant hydroscopique, il y a une probabilité assez élevée que le miel présent dans les cadres de corps au moment du traitement absorbe la solution de traitement d'acide oxalique, puis que celle-ci parvienne dans les hausses posées ultérieurement par le biais du déplacement du miel par les abeilles. Or le miel ne peut légalement pas contenir d'autres composés (voir ici: RS 817.022.108 - Ordonnance du DFI du 16 décembr... | Fedlex (admin.ch) ''Le miel ne peut faire l’objet d’aucune addition de substances autres que du miel.)''. L'apiculteur est donc tenu par un autocontrôle rigoureux (RS 817.0 - Loi fédérale du 20 juin 2014 sur les ... | Fedlex (admin.ch)) d'empêcher que des médicaments vétérinaires ne se retrouvent dans le miel. Par ailleurs, tout utilisateur de médicaments vétérinaires a un devoir de diligence (https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2001/422/fr#art_3): ''Quiconque effectue une opération en rapport avec des produits thérapeutiques est tenu de prendre toutes les mesures requises par l’état de la science et de la technique afin de ne pas mettre en danger la santé de l’être humain et des animaux.''

  • Si la base légale concernant la repose de hausses dans le cadre d'une utilisation d'Oxuvar reste, il est vrai, un peu floue, apiservice conseille les points suivants en lien avec les jeunes colonies (cf concept varroa www.abeilles.ch/varroa):
    • Si des essaims forts sont attrapés ou des jeunes colonies particulièrement populeuses sont formées, il est tout à fait possible de ne pas les traiter lors du 'démarrage' de la colonie et de les traiter lors du premier traitement d'été, comme les autres colonies. Ainsi, il sera totalement possible de produire du miel en été sur ces colonies sans aucune arrière-pensée en terme de résidus.
    • Si une colonie a produit du miel après avoir été traitée, celui-ci peut être conservé sans problème comme réserve de nourriture (en cadres, ou extrait) pour être redonné aux colonies du rucher lors de la fin de saison/l'hivernage.

De manière générale, il est utile de mettre en avant la bonne pratique apicole (''l'optimal''), qui soit la plus sûre possible pour les abeilles et le consommateur. Il existe toujours des cas un peu 'limites', mais je ne vois à titre personnel par l'intérêt de vouloir flirter avec cette limite et pense qu'il est parfois plus simple et plus utile de se demander: ''Suis-je vraiment fier du produit que je mets sur le marché?''. 

6 juin 2024 / Matthieu Guichard / apiservice